
ARCANES, la lettre
Les coulisses
Chaque mois, les Archives présentent dans la rubrique "les coulisses" ce que vous ignorez surement du fonctionnement des Archives. Retrouvez ici une petite compilation de tous ces articles.
Avez-vous eu vent de ce qui s’est niché durant 25 ans dans le ventre de cette femme toulousaine ?
C’est en 1652 que madame de Mathieu, 36 ans, est prise de douleurs intenses semblables à un accouchement. Elle refuse l’aide des sage-femmes pour soulager ses maux et on l’accuse même de sorcellerie étant donné qu’aucun enfant ne montre jamais le bout de son nez. On finit par la laisser tranquille, du moins tranquille, elle elle ne l’est pas ! Elle garde son ventre de femme enceinte et les douleurs et désagréments associés durant 25 ans ! C’est à 62 ans, après 8 jours de fièvre que la malheureuse rend son âme au vent.
Ayant gardé en tête la condition étrange de cette femme, plusieurs chirurgiens se pressent pour pouvoir résoudre le mystère de son ventre. On découvre que ce n’était pas du vent ni de l’air qui le faisait gonfler, mais un… lithopédion ! Du grec lithos la pierre et de pais l’enfant. Il s’agit en fait d’une grossesse extra-utérine dont le corps s’est protégé en calcifiant le fœtus mort.
Dans notre cas, on va décrire le bébé de pierre comme étant « enveloppé de grosses membranes, son corps recourbé », puis on le déplie et on note qu’il a le « cerveau fres et humide, les yeux aussi, la langue vermeilles et toutes les parties nobles et autres interieures dans leur conformation naturelle, mais pourtant un peu livide ». Notre golem a été formé parfaitement et fait partie des plus rares spécimens de lithopédion, qui habituellement dépassent rarement les 3 mois de grossesse. Sauf que voilà, après l’avoir bien examiné, il commence à pourrir et les chirurgiens le mettent dans de l’alcool pour le conserver. Il va être exposé à l’hôtel de ville où la foule se presse pour voir la curiosité. L’évènement est tellement inédit que l’on consacre quelques pages et un dessin dans les chroniques des Capitouls. Nous, nous avons le grand honneur de voir notre spécimen répertorié sur la page Wikipédia dédiée au lithopédion.
C'est l'outil indispensable à tout archiviste, the one, celui qui nous accompagne dans nos déplacements quotidiens, à qui nous tenons la main, que nous manions avec douceur, à qui nous demandons beaucoup : porter des charges très lourdes, ou des documents fragiles, ou délicats, ou abîmés, ou juste très anciens, mais toujours uniques, ce mois-ci : lumière sur les chariots !
Ils sont de plusieurs types, ont leurs spécificités, leurs utilisations, ne sont pas tous interchangeables. Quelques-uns ont leur place attribuée, indéboulonnables. L'ancêtre vénéré trône en salle de lecture. Ses tablettes en bois poli par près de 30 ans de service, écaillées, le plaquage ridé, touchées par une bonne centaine de paires de mains, continuent d'exercer leur mission chaque jour. Impossible de quantifier la distance parcourue par ses 4 roulettes pivotantes. Ce sont les plus efficaces du service, roulements à billes intacts, jamais un couac, pas un tour plus haut que l'autre, ça roule. Il maîtrise l'ascenseur comme personne, on l'entend d'un étage à l'autre et on sait que la levée arrive.
Celui du magasin 4 est à la même enseigne, mais pour d'autres raisons : peu déplacé car justement il ne tourne plus très rond, il coule une retraite tranquille où son plateau reçoit les documents parmi les plus fragiles : plaques de verre, calotypes ou autres daguerréotypes. Suffisamment fin pour se glisser entre les épis même si la rigidité de ses articulations lui empêche la marche arrière et rend la manœuvre aussi lente que rare, il n'en reste pas moins un pilier dont on ne saurait se passer. Les documents iconographiques conservés dans ce magasin à l'atmosphère régulée en sortent principalement pour être numérisés, les boites n'ont donc que peu l'occasion d'être en contact avec ses planches aux chants couverts d'une bande de mélamine brillante façon années 70 (mais je refuse de lui prêter cet âge, nous faisons beaucoup plus jeunes tous les deux).
À l'autre extrémité du spectre on trouve les petits nouveaux, reçus en kit fin 2024 et montés par nos collègues en charge de l'entretien du bâtiment. Leur principal atout est justement de se faufiler entre les épis mais avec une agilité de compète.
Entre les deux nous avons une pléiade de modèles : le "plateforme", version proche du transpalette et du diable ; le "table", avec un unique plateau sommital ; l'"étagère", sorte de mini-bibliothèque ambulante ; le "médical", avec plateaux métalliques à rebords (d'ailleurs celui-ci, actuellement à moins d'un mètre de moi, n'est pas du tout pratique : sa poignée a été soudée du mauvais côté). Nous avons même franchi un pas avec les étagères à roulettes, pour rendre leur liberté à certains chariots et leur permettre de poursuivre leur mission qui est avant tout de déplacer sereinement des documents dans les 2000m² du bâtiment.
En épilogue et parce que j’ai trouvé l’image un brin décalée, voici un autre type de roulettes, qu'on ne rencontre plus vraiment dans les couloirs aujourd'hui.
A travers l’atelier (En)quête d’images, « Ma ville en noir et blanc », nous proposons désormais de montrer aux collégiens et lycéens comment Toulouse inspire les photographes au 19e siècle, de Provost à Trutat en passant par Ancely. Une occasion d’étudier en images le milieu urbain sous toutes ses formes : lieu de travail, d’approvisionnement, d’évasion, de périls, de transformation...
L’objectif de l’atelier, organisé en deux séquences pédagogiques de 2h30 avec des élèves répartis en binômes, consiste à analyser des sources photographiques d’un point de vue archivistique et technique, à s’approprier les outils de recherche de l’iconographe, et à comprendre – en vue d’une production écrite et orale –, comment l’image raconte et représente.
Cet atelier s’articule autour de sept thématiques : l’inondation de 1875, les grandes percées toulousaines, les modes de transports, les grands magasins & petites industries, les pêcheurs de sable & bateaux-bains, les métiers de rue et les marchés. Tant de témoignages de la vie toulousaine au 19e émergent de ce paysage photographique !
Mené conjointement par une médiatrice culturelle, une iconographe et une photographe, cet atelier propose une approche pluridisciplinaire et permet de croiser des thématiques du programme scolaire de français, d’histoire et d’histoire de l’art.
Plus d’informations auprès du service éducatif des Archives municipales.
En 1779, Joseph-François Gounon-Loubens, ancien capitoul, est en plein déménagement. Avant de s’installer dans sa nouvelle maison place d’Assezat, les ouvriers procèdent à des travaux visiblement d’ampleur : charpentiers, maçons, plâtriers, peintres, tous s’affairent pour rendre le nouveau logis habitable, confortable, sinon luxueux. D’ailleurs, l’architecte Philippe Hardy est signalé sur le chantier, il est probablement chargé du suivi des travaux de rénovation.
Après avoir fait transférer une partie de ses meubles, linge de maison, argenterie et autres provisions de bouche, monsieur de Gounon a pris la précaution de tout serrer à l’abri, sous clef, avant de partir à sa campagne (au château de Loubens) pour laisser tout ce petit monde vaquer à ses occupations.
Las, de retour en ville le 29 novembre, « il trouva qu’il avoit volé une grande partie de son linge de service blanchi, des draps de lit, napes, servietes, essuy-main, un jambon de Bayonne la moitié d’un lard et autres petits effets ».
L’enquête révèle rapidement que c’est Rey fils, l’un des peintres, qui aurait, au moyen de fausses clefs, ouvert les armoires et buffets pour en piller le contenu. Les capitouls le recherchent activement et pour cela se mettent sur les traces de sa maîtresse. Chou-blanc ! Mais elle apprend tout de même aux magistrats que son amoureux entretient visiblement une autre galanterie avec la nommée Bourre, proxénète1 de son état. Le métier rêvé pour écouler le linge volé en toute discrétion.
Si Rey reste introuvable, la maréchaussée arrive à localiser la Bourre (alias Catherine Clamens) qui s’était d’abord cachée à Bordeaux, puis à Montauban. Quasiment un an après les faits, elle est déférée à Toulouse devant les capitouls.
Le procès se fait, par contumace pour l’un, et « en présentiel » pour l’autre. Le 31 janvier 1781, les capitouls rendent leur sentence et mettent finalement les deux amants hors de cour et de procès. Ce qui n’est visiblement pas du goût du procureur du roi qui fait appel.
Le parlement tranchera en sa faveur et condamnera Rey aux galères pour dix ans (en son absence, l’exécution sera faite "figurativement"), quant à la Bourre, convaincue de recel, elle sera exposée au carcan durant quelques heures lors de trois marchés consécutifs, avant d’être fouettée, marquée de la lettre V. au fer rouge sur l’épaule droite et de passer dix années enfermée au quartier de force de l’hôpital de la Grave.
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1. Attention, sous l’Ancien Régime, une proxénète (à Toulouse) est une revendeuse de hardes, une fripière quoi.
Depuis plusieurs années déjà, les Samedis des Archives étaient un rendez-vous devenus incontournable chaque premier samedi du mois : on y proposait des ateliers ouverts à tous autour d’un crime (Mort ou vif), ou bien d’une plongée photographique dans Toulouse entre les deux guerres (En-quête d’images), ou encore axés sur la médecine légale (Corpus corporis) et même de promenades dans domaines anciens et métairies disparues (Champs troubles).
L’offre a été doublée l’an passé par l’adjonction d’un deuxième samedi, cette fois exclusivement destiné aux étudiants et chercheurs, les Masterclass, qui se tiennent le troisième samedi du mois. Une journée entière de travail, d’échanges, de mise en place de projets. On y vient pour une heure ou pour la journée entière (9h-17h). On y accueille les historiens, les historiens du droit, ceux de l’art, c’est une évidence. Mais on y a vu aussi des musicologues, des littéraires, des gens du monde médical.
Cette année, nous triplons la mise avec le 4e samedi du mois qui propose Au fil des chroniques des capitouls, des sessions découverte autour du trésor des Archives : les douze volumes des Annales manuscrites. Un thème différent y est abordé chaque mois. Après Les ponts de la ville en septembre, octobre sera sous le signe des pestes, avant d’aborder les passeports en novembre et de finir l’année sous le signe des festins de table. Le déroulé de ces séances commence par une évocation de la thématique parsemée d’extraits choisis des chroniques des capitouls, avant de passer à plusieurs petits ateliers découverte.
Pour la session consacrée aux pestes, par exemple, certains choisiront de travailler sur les odeurs de la peste, d’autres s’ingénieront à retrouver toutes les plantes nécessaires à la composition de l’eau de farfara, remède réputé miraculeux. Mais il y aura aussi des ateliers relatifs aux tenues des corbeaux, aux semeurs de pestes et à leurs châtiments, aux mesures de désinfections des maisons infectées, etc.
Voilà, si vous avez fait le compte, chaque mois ce sont ainsi les 1er, 3e et 4e samedis qui sont à l’affiche. Mais alors, quid du 2e samedi ?
Hé bien nous nous mettons en quatre pour recevoir ce jour-là des groupes et leur proposer des ateliers à la carte. Ainsi en novembre nous accueillons les « refusés » du festival du polar, ceux qui n’ont pu avoir de place pour le meurtre de Pierrot ou Raymond, et qui travailleront sur une autre affaire criminelle.
Les documents conservés aux Archives sont constitués pour la plupart de matières organiques (papier, parchemin, cuir, cartons, toiles, etc.). Ces matériaux ont la particularité d’être vulnérables aux aléas extérieurs (manipulations, lumière, humidité trop élevée ou trop basse, températures élevées, rongeurs, insectes, moisissures, pollution ou poussière et autres encore).
Afin de les protéger de tous ces facteurs d’altération, les agents des Archives ont un panel de conditionnements spécifiques qui permettent de conserver les documents. Dans cette liste variée, on trouve le passe-partout. Il s’agit d’un encadrement en carton posé sur une œuvre d’art (dessin, pastel, estampe, page enluminée, etc.) ou tout autre œuvre sur papier ou parchemin. Il permet à la fois de protéger le document mais aussi de pouvoir le présenter sous cadre ou sous vitrine lors d’une exposition. Sous cet encadrement en carton, se trouve un autre carton qui, lui, sert de support et sur lequel l’œuvre d’art est fixée. Les cartons utilisés aux Archives répondent à des normes strictes de conservation qui permettent la protection des archives à très long terme.
Quand elles ne sont pas exposées, les œuvres placées en passe-partout sont conditionnées dans des boîtes en carton de conservation.
Nous ne sommes pas les seuls à utiliser le passe-partout, les musées et les bibliothèques patrimoniales l’emploient également pour protéger leurs œuvres sur papier et parchemin.
La période électorale est l’occasion de revenir sur la conservation des archives des élections politiques. Le Maire est responsable de l’organisation des élections, c’est une prérogative qu’il exerce en tant qu’agent de l’État, sous le contrôle du Préfet. A ce titre, les services municipaux sont chargés d’établir les listes électorales, d’établir et envoyer les cartes d’électeurs. Ils organisent également les opérations de vote. Pourtant, la direction des Archives n’est pas responsable de la conservation des archives produites au cours des opérations de vote, à l’exception des procès-verbaux des opérations électorales par bureau. Ainsi, aux Archives municipales, vous pouvez consulter les listes électorales générales - sans émargement – et les dossiers d’organisation des élections. Ils vous renseigneront sur l’organisation de chacun des bureaux ou vous permettront de consulter les listes des présidents, assesseurs et secrétaires des scrutins.
En revanche, ce sont les directions des Archives départementales qui archivent l’essentiel des documents issus de ces opérations : instructions générales sur le déroulement des scrutins, documents de propagande électorale, listes d’émargement et bulletins nuls par exemple. La Gazette des Communes, dans un article publié en avril 2022, a diffusé des exemples de bulletins nuls, pépites issues des fonds d’archives des Archives départementales du Val-d’Oise. Ces documents ont d’ailleurs été une des sources des travaux de Jérémie Moualek, un sociologue qui s’intéresse aux votes nuls et blancs.
Si la lumière est indispensable à la vie, elle est en revanche problématique pour la bonne conservation de nos archives.
En effet ses rayonnements UV et Infra-rouge, dégradent les matériaux organiques, comme le papier, le cuir ou le parchemin. Pour transmettre ces documents aux générations futures en bon état, il faut donc les maintenir dans l’obscurité la plus totale.
Mais parfois, il est indispensable que nos archives soient exposées au public. C’est le cas de plusieurs de nos documents en ce moment : Un feuillet enluminé des annales manuscrites de Toulouse (XVe siècle) est présenté actuellement au Musée de Cluny à Paris pour l’exposition « Renouveau des arts dans la France de Charles VII » et Quatre documents en parchemin du XIIIe siècle sont exposés au Musée Saint-Raymond à Toulouse pour l’exposition « Cathares ».
Lors de ces évènements, l’éclairage des documents est indispensable pour une bonne visibilité de ces derniers mais celui-ci doit être maîtrisé. Le taux de lux dépendra de la sensibilité du document. Ainsi, une archive composée de matériaux extrêmement sensibles à la lumière sera éclairée très faiblement (50 lux). Elle sera ensuite laissée « au repos » plusieurs années dans l’obscurité afin de maîtriser l’altération par la lumière sur le long terme. Un calcul permet de déterminer ce temps d’attente entre deux expositions avec précision pour, ainsi, permettre un équilibre entre obscurité et lumière.
Étymologiquement, le mot « archives » désigne à la fois le bâtiment qui conserve les archives (dérivé de archaïon, résidence des archontes) et les documents en eux-mêmes (archaïa « choses très anciennes »)1. Ce double sens est repris par Jacques Derrida pour qui l’archive (notez le singulier), venant de arké, est à la fois le commencement et le commandement.
L’institution des archives serait, elle, née en 1194 lorsque Philippe Auguste, défait par Richard Coeur de Lion, perd ses archives à la bataille de Fréteval. Le roi de France, qui selon la coutume se déplaçait avec ses archives, se retrouve alors sans les titres justificatifs de son pouvoir – sceau, registres du fisc, lettres – soit les documents par lesquels les habitants de Normandie se reconnaissent vassaux. Il est donc en difficulté pour prélever l’impôt. A son retour à Paris, Philippe Auguste fait reconstituer ses archives et décide qu’elles ne le suivront plus dans ses déplacements.
Cet événement est présenté comme fondateur dans l’histoire des archives en France, parce qu’en décidant de sédentariser ses archives, Philippe Auguste donne naissance au Trésor des chartes. Les travaux des archivistes paléographes, Yann Potin et Olivier Guyotjeannin, montrent que cet événement relève de la légende dans le but de justifier l’absence d’assise documentaire de la dynastie capétienne. La rédaction du premier cartulaire de Philippe Auguste commence en effet en 1205.
Cependant, sous le règne de Philippe Auguste, les pratiques archivistiques ont bien évolué. La conservation des documents qui fondent les droits du roi sur son royaume devient plus systématique. Et c’est finalement vers 1230 que le palais royal de Paris devient le lieu unique de conservation des Archives.
1. Trésor de la langue française - ARCHIVES : Etymologie de ARCHIVES (cnrtl.fr)
D'importants travaux de rénovation de l'étanchéité de la toiture végétalisée des Archives ont commencé en début d'année, donnant lieu à un ballet de benne, pelleteuse, terre et chalumeau. D'ici l'été, la toiture sera comme neuve et le réservoir de mémoire préservé de tout risque d’infiltrations. Mais quel est le protocole en cas de sinistre ? Les archives, comme pour le risque incendie, ont mis en place un plan de traitement des documents qui seraient mouillés du fait d’infiltrations d’eau voire d’inondations.
Équipés de leur pull marine, les archivistes procéderaient ainsi :
• évacuation des documents pour mise en séchage,
• identification par une étiquette indiquant leur cote,
• étalement des dossiers sur de grandes tables
• et pose de papier absorbant entre leurs pages.
Une semaine plus tard, lorsque le risque de moisissure est écarté, les documents secs sont reconditionnés et réintégrés dans les magasins d'archives. Si nécessaire il faudrait recourir à la congélation, solution inévitable lorsque des documents sont détrempés. Dans ce cas-là, les archivistes lutteraient contre le temps car ils n'auraient que 48h pour faire congeler les archives, qui seront ensuite séchées par lyophilisation.
Ce mois-ci, nous fêtons notre 150e numéro d'Arcanes. L'occasion pour nous de vous parler de VOS archives ! En effet, que ce soit dans le cadre professionnel ou personnel, nous produisons tous des archives, mais si vous souhaitez un jour nous les confier, il est important de veiller à leur bonne conservation.
Il arrive ainsi que certains documents soient entreposés dans des garages, des caves ou des greniers, où menacent infiltrations d'eau, rongeurs et moisissures. Dans ces conditions, leur pérennité n’est pas assurée. L’état de conservation de vos archives est un critère important de décision pour leur prise en charge par nos services. En cas de dégradation, une restauration peut parfois être envisagée mais demande alors beaucoup de temps et d'investissements.
Si toutes ces questions vous préoccupent, notre archiviste des fonds privés est là pour vous conseiller. Comment stocker au mieux ses archives ? Quel matériel de conditionnement utiliser ? Et même, quels documents conserver ? Vous pouvez retrouver son adresse mail directement sur le site des Archives municipales ou bien appeler directement l'accueil qui vous dirigera vers elle.
Alors, pour que la fête soit plus belle, faites attention à vos archives !
Les archivistes sont tellement passionnés par leur métier qu'ils n'hésitent pas à proposer des activités hors-norme, le soir ou bien le week-end.
Il y a bien sûr les populaires Journées Européennes du Patrimoine qui, tous les ans, en septembre, permettent au public de visiter les mystérieux sous-sols des Archives et de participer à divers ateliers.
Les Samedis des Archives vivent leur 2e saison. Ces rencontres organisées chaque premier samedi du mois sont ouvertes à tous et invitent les participants à découvrir, à toucher et aussi à travailler de manière souvent ludique avec des documents d'archives.
La programmation est variée, et chacun peut y trouver son bonheur. Elle permet aux uns de se frotter à des affaires criminelles d'Ancien Régime, aux autres de se plonger dans la correspondance échangée durant la seconde moitié du 18e siècle entre la présidente Dubourg et la marquise de Livry. On est même invité à faire un bond dans le temps en choisissant de participer aux ateliers de "dépoussiérage numérique" (on n'en dit pas plus pour vous tenir en haleine). Last but not least, l'image est aussi à l'honneur, en particulier sous le prisme du fonds photographique de Marius Bergé, qui donne lieu à des ateliers sous forme d'un véritable rallye-enquête dans Toulouse entre les deux guerres.
Les Archives passent au noir est le fruit d’un partenariat entre les Archives municipales et le festival Toulouse Polars du Sud. Cette union heureuse a permis d’organiser quatre rencontres durant la première semaine d'octobre. Un public friand de littérature policière s'y est pressé et s'est trouvé confronté aux pièces d'un procès pour cas de meurtre. Durant trois soirées et une matinée, les participants ont été projetés en août 1744 sur le pont Neuf, où gisait le corps inanimé du jeune Ducos, percé d'un coup de baïonnette au flanc gauche. Après une lecture – souvent ardue – des archives du procès (descente sur les lieux, autopsie et certains témoignages), tous ont su pointer du doigt le meurtrier, sans pourtant que son nom apparaisse jamais dans les documents conservés, et que seule la victime, dans un dernier souffle de vie, nommait énigmatiquement : "Qui va là".
Rendez-vous est déjà pris pour la prochaine édition du festival en octobre 2024.
Les Masterclass viennent compléter ces activités. Après le succès des trois galops d'essai du printemps dernier, ces séances deviennent depuis la rentrée universitaire un rendez-vous régulier (chaque troisième samedi du mois). Elles sont exclusivement réservées aux universitaires, qu'ils soient chercheurs confirmés ou jeunes étudiants.
Historiens de l'art ou du droit, historiens tout court, étudiants en architecture, en musicologie, et autres encore s'y retrouvent pour étudier les sources qui nourrissent et enrichissent leurs sujets de recherche. On vient en solo, en duo, en trio… On y travaille certes, mais aussi on échange, on questionne, on partage ses doutes comme ses trouvailles.
Alors, la prochaine fois que vous pousserez la porte des Archives municipales pendant les horaires officiels d'ouverture, ouvrez bien les yeux : une ou plusieurs affiches vous inviteront à y revenir différemment en soirée ou bien le temps d'un samedi.
Plus simple encore : consultez régulièrement en ligne notre espace presse.
L’article publié en 1965 dans la Gazette des archives - « L’archiviste et le tourisme » - ne pouvait échapper à Arcanes de septembre !
Jacques Levron, conservateur en chef directeur des services d’archives de Seine-et-Oise, y conte qu’en 1951 une circulaire de la direction des Archives de France invite les préfets à nommer un archiviste dans les commissions consultatives de tourisme nouvellement créées. L’argument est simple : « Ce fonctionnaire connaît parfaitement l'histoire du département où il réside, ses richesses archéologiques, folkloriques et plus généralement toutes ses ressources culturelles. Il peut donc fournir d'utiles indications pour la mise en valeur de telle ou telle partie du département, pour l'organisation des visites guidées des villes ou des sites les plus importants, pour la mise sur pied d'un programme de conférences sur l'histoire monumentale ou littéraire de la région... »
Jacques Levron évoque ensuite le rôle de conseiller que peut jouer l’archiviste dans toutes les structures liées au tourisme, à commencer par les syndicats d’initiatives créés à la fin du XIXe siècle. Il saisit l’occasion pour mettre en garde ses collègues : il ne devrait pas accepter de poste de direction de tels organismes, autant pour des raisons d’incompatibilité entre cette fonction et le statut de fonctionnaire, que parce qu’ « elle exige des loisirs et chacun sait qu'en province, depuis quelques années, les directeurs des services d'archives n'en disposent guère ».
C’est sur un ton tout aussi sérieux qu’il rappelle à la fin de son article la « vocation fondamentale d’administrateur et d’érudit des directeurs de service d’archives » : « l'archiviste a d'abord pour mission, selon les termes mêmes du Règlement de 1921, de recueillir et de classer les documents, de rédiger les inventaires et les répertoires, de faire connaître les richesses dont il a la garde ». S’il est « parfaitement qualifié pour apporter aux organismes touristiques un concours apprécié (…) il doit le faire en restant dans la perspective de son rôle traditionnel. Il doit surtout n'y consacrer qu'une part raisonnable de son temps. C'est en chartiste que l'archiviste doit s'intéresser au tourisme. Et, en fin de compte, il n'en servira que mieux les intérêts de celui-ci. »
L’archiviste n’a pas le temps d’être un touriste de l’histoire !
Les Archives municipales de Toulouse étant fermées au mois de juillet pour des travaux de mise en accessibilité du bâtiment, il nous paraissait important de vous parler d’un lieu emblématique de notre métier : la salle de lecture. C’est l’espace qui vous accueille et dans lequel vous pouvez consulter les archives.
Habituellement, la salle de lecture est ouverte de 9 heures à 13 heures du lundi au vendredi. Vous pouvez y venir gratuitement, simplement en présentant un document d’identité à l’agent d’accueil.
Aux Archives municipales de Toulouse, nous, les agents, nous partageons la gestion de la salle en fonction de nos emplois du temps. A deux par matinée, nous sommes chargés de vous communiquer les documents que vous souhaitez consulter. La plupart du temps, nous vous aidons à rechercher LE document dont vous avez besoin, que ce soit pour vos recherches personnelles, administratives ou universitaires.
Une fois ce document identifié, nous entrons sa cote (son identification) dans notre logiciel afin de pouvoir aller le chercher dans nos magasins. Ensuite, nous vous le remontons et vous pouvez le consulter. Mais pour cela, de nombreuses règles sont à respecter afin que nos documents puissent être bien conservés sur le long terme. Sont ainsi prohibés dans cette enceinte stylos, boissons et nourriture. Mais ne vous inquiétez pas, la salle n’est pas sale… elle est même nettoyée tous les jours pour éviter toute poussière ou autre.
Alors, venez nous voir dès le mois d’août !
Dans un murmure, chaque début juin, se déroule la semaine internationale des Archives.
Le 9 juin 1948, le Conseil international des Archives (CIA) est créé sous l’égide de l’UNESCO. Il « rassemble les institutions d'archives et les professionnels à travers le monde pour défendre la gestion efficace des archives et la protection matérielle du patrimoine écrit, pour produire des normes reconnues et de bonnes pratiques et pour encourager le dialogue, les échanges et la transmission de ces connaissances au-delà des frontières nationales » *.
Depuis 2007, le 9 juin est la date choisie pour célébrer les archives. Désormais, pendant toute une semaine, les archivistes de tous les continents unissent leur voix pour expliquer au public que les archives et archivistes « jouent un rôle important dans les domaines de la responsabilité, de la transparence, de la démocratie, du patrimoine, de la mémoire et de la société » *. Les archives représentent une richesse sans équivalent. Témoins des événements passés, elles restent fragiles et vulnérables. A la veille de cette semaine de fête, dans le climat de tension que connaît actuellement le Sénégal, les archives de l’université de Dakar ont été incendiées. Ailleurs, des archivistes ont été enlevés et séquestrés, paralysant le fonctionnement des Archives nationales et de l’état civil.
Cette année, juin est l’occasion de célébrer les 75 ans du Conseil international des Archives. #Archives unies #RenforcerLesArchives.
Parce qu’elles ont le pouvoir de transformer le temps en mémoire et le passé en histoire, les archives sont au cœur d’interrogations philosophiques, comme celles de Serge Margel et ses archives fantômes1, ou psychanalytiques avec Derrida et son mal d’Archives2. Quel rapport les archives entretiennent-elle à réalité, à l’inconscient ?
« L’archive, si ce mot ou cette figure se stabilisent en quelque signification, ce ne sera jamais la mémoire ni l’anamnèse en leur expérience spontanée, vivante et intérieure. Bien au contraire : l’archive a lieu au lieu de défaillance originaire et structurelle de ladite mémoire3 ».
L’archive est une trace, une preuve. « Son contenu est l’expression d’un fait, d’un projet, d’une requête, d’une décision et est indissociable de ce fait, de ce projet, de cette requête, de cette décision. C’est pourquoi la première lecture que l’on fait de l’archive doit intégrer les motifs de son élaboration, c’est-à-dire la poursuite d’une action donnée et le contexte dans lequel elle prend place. (…) L’archive a vocation à servir de preuve à l’action qu’elle supporte. (…) C’est ainsi que les archives constituent la source de l’Histoire par excellence4. »
Alors, les archives ne racontent pas de salade ? A priori non… Ou si l’intention de l’auteur est d’en raconter. Les archives pourront toujours être utilisées comme source pour construire un discours ou servir d’illustration à un propos, indépendamment de l’action dont le document témoigne. Des chercheurs peu scrupuleux pourront toujours détourner un discours.
Et lorsque Arcanes vous parlera de légume, il sera temps de vérifier que la constitution des fonds d’archives n’est pas le fruit du hasard.
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1 - Serge Margel, Les Archives fantômes, Paris, Nouvelles éditions Lignes, 2013 (LES ARCHIVES FANTÔMES - Serge Margel - Éditions Lignes (editions-lignes.com))
2 - Jacques Derrida, Mal d’archives : une impression freudienne, Paris, Galilée, 1995.
3 - Id, op. cit.
4 - Maire-Anne Chabin, Je pense, donc j’archive, Paris, L’harmattan, 1999 (Je pense.... Chapitre 2 - Tout est archive - Le blog de Marie-Anne Chabin (marieannechabin.fr).
Au mois de novembre dernier, l’un de nos locaux a subi un dégât des eaux. Grâce aux mesures de conservation préventive mises en place, notamment une bonne aération du local et le positionnement des boîtes d’archives à plus de 10 cm. du sol, les dommages ont été de faible importance et les documents, après quelques semaines de séchage et de mise en quarantaine, sont à présent hors de danger. Malgré ces mesures de prévention, conserver des documents sur le long terme n’est pas une mince affaire et le risque d’inondation existe, quelle qu’en soit la cause. Pour cette raison, un archiviste doit connaître les mesures d’urgence à adopter face à un local d’archives inondé. Parmi ces dernières, la congélation est une méthode conseillée dès qu’elle est financièrement et techniquement possible.
Lorsque les documents papier sont détrempés, ils peuvent subir un gonflement, des déformations, leur encre peut couler ou pâlir jusqu’à devenir illisible. L’humidité ambiante devient en outre un terrain propice aux moisissures. La congélation est alors le meilleur moyen de stopper cette dégradation, le temps de réfléchir aux solutions de restauration les plus appropriées. Les documents sont placés dans des sacs en plastique – polyéthylène ou polypropylène – par petits paquets placés à une température inférieure à – 20°C, si possible dans un congélateur industriel. L’idée est de faire en sorte que toutes les épaisseurs soient congelées le plus rapidement possible. Dans un second temps, ils sont lyophilisés, c’est-à-dire déshydratés pour retrouver leur état d’origine.
Malheureusement, ce procédé ne répare pas les dommages que le document a déjà subi avant la congélation, comme la dilution des encres, raison pour laquelle il faut agir au plus vite. De plus, la lyophilisation n’est pas sans danger, notamment pour les reliures en cuir, qu’elle peut raidir de manière irréversible. De même, il n’est pas recommandé de congeler les parchemins et les sceaux, pour lesquels le séchage à l’air libre reste la meilleure solution.
Le numérique n’est pas écolo. Si c’est déjà une évidence pour vous, c’est un très bon début. Tout est fait pour nous renvoyer une image légère et inoffensive du numérique : on parle de données « immatérielles », stockées dans un « nuage » – cloud – et de la fin de la consommation du papier. Pourtant, l’impact environnemental du numérique est incontestable : 4% à lui seul des émissions de gaz à effet de serre, 5 fois plus gourmand en ressources naturelles que le parc automobile français, en constante augmentation1. Cela étant dit, la dématérialisation, si elle est raisonnée, a toute sa place dans une démarche de développement durable.
À l’heure où le télétravail augmente le besoin d’accéder à des informations à distance et le volume de données produites, le records management (ou gestion des documents engageants) et l’archivage numérique sont essentiels pour mettre en place une gestion des données efficace. Ainsi, l’accès aux données est facilité et leur volume limité (on ne conserve que ce qui est utile, le temps pendant lequel c’est nécessaire).
Les Archives municipales accompagnent les producteurs de données dans la mise en place d’une véritable politique de maîtrise de l’information numérique et participent ainsi à la réduction l’empreinte carbone.
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1 - C. Jost et B. Texier, « L’écologie numérique : infographie, chiffres-clés et conseils pour une dématérialisation plus verte », Archimag, 27 janvier 2023, en ligne (consulté le 06/02/2023).
Parfois les siphons s’obstruent et débordent. C’est ainsi qu'à la suite d'une panne de pompe de relevage d’un local situé sous le niveau de la Garonne, les archives de la Métropole se sont retrouvées à l’eau.
Intervention d’urgence : relevé d’hygrométrie, surveillance du niveau de l’eau qui va et vient. Trop longtemps exposées à l’humidité, les documents ont dû être évacués vers le site historique des Archives municipales, l'ancien réservoir d’eau de Périole. Le risque de moisissure était trop important. Plus d’une semaine a été nécessaire pour que l’ensemble des 800 mètres linéaires arrive à bon port !
Les archivistes ont ensuite changé de casquette pour se pencher sur la rénovation des rayonnages roulants. Ceux-ci sont en effet surélevés sur les planches de contreplaqué sous lesquelles l’eau s’est engouffrée. Désastre ! La moisissure n’a pas gagné les archives, mais le sol du rayonnage.
Et pendant ce temps-là, les archivistes fuient vers d’autres horizons, plus au sec !
…Commence le cérémonial des présentations jusqu’à ce qu’il me demande la nature de mon métier, question à laquelle je réponds un timide « archiviste », rentrant un peu la tête dans les épaules par réflexe, attendant une réaction peu obligeante malheureusement trop habituelle, à cause d’une ignorance indéfectible et presque volontaire de ce métier.
« Woah ! », qu’il fait.
Étonnée, je répète un peu plus fort : « archi-viste… ».
Il poursuit : « Archiviste ! Le gardien de la mémoire ! ».
Je rougis, mais parviens à rester digne. « Euh oui voilà ».
Enfin un autre point de vue sur le métier d’archiviste, qui fait beaucoup de bien à entendre.
En creusant un peu, je me rends compte effectivement que l’archiviste est plutôt bien représenté dans le milieu des geeks. Alors qu’on trouve rarement le terme « archiviste » dans les listes des métiers les plus communs sur internet, il constitue une classe à part entière dans les jeux célèbres d’heroic fantasy, à commencer par Donjons et Dragons qui place les Archivistes dans la catégorie des Magiciens. Et en effet, ils peuvent jeter des sorts puissants qu’ils ont collectés dans des parchemins magiques et leur discipline mentale les rend également eux-mêmes résistant à la plupart des sorts. Grâce à leur savoir encyclopédique, ils connaissent les faiblesses de leurs adversaires qu’ils n’ont aucune crainte à combattre.
Ma découverte préférée reste la BD d’Ugo Bienvenu, Préférence Système, dont l’histoire se passe dans un futur très proche, au moment où la seule solution pour faire face au débordement des archives est de détruire ; de manière drastique et systématique. Les deux héros sont un archiviste (sans pouvoir magique cette fois) qui sauve en cachette des documents qu’il considère essentiels pour l’humanité, et un robot qui mémorise les documents sauvés et les enseigne plus tard à une petite fille (l’enfant de l’archiviste) qu’il a portée lui-même dans son ventre. Nous avons donc affaire ici à un archiviste héros d’une BD de science-fiction, dont le véritable sujet est la mission de transmission…
Pour préserver cette image si fraîche de notre métier, voire héroïque pour les meilleurs d’entre nous, voici une lettre depuis nos Arcanes à nous pour vous dire : geeks, merci.
Voir aussi le blog « Archives et culture pop » (https://archivespop.wordpress.com/).
Que conservez-vous sur le thème de… Stop ! Les archives ne sont pas classées par thème. Contrairement aux Musées ou aux Bibliothèques qui conservent des collections, les services d’archives conservent des fonds. Les fonds sont des ensembles de documents qu’une personne physique ou morale a produits ou reçus dans l’exercice de son activité, tandis que les collections sont la réunion artificielle de documents en fonction de critères établis par l’organisme chargé de les conserver.
Le classement opéré par les archivistes est guidé par le principe du respect du fonds, c’est-à-dire le respect de la provenance, de l’intégrité, et parfois même de l’ordre originel des documents. Ainsi, il ne viendrait pas à l’idée d’un archiviste de rassembler des documents produits par une personne privée, un service de la Ville et un service de la Métropole au prétexte qu’ils traitent d’un même sujet. Avant même de s’intéresser au contenu d’un document, les archivistes étudient son contexte de production : que faisait le producteur du document lorsqu’il l’a produit, reçu ou classé ? Quelle action a conduit à la création du document ?
C’est grâce au contexte de production que l’archiviste peut déterminer la valeur d’un document et en proposer une description fiable. Pour reprendre l’exemple donné par le Piaf (portail international d’archivistique francophone), un état des récoltes sera interprété différemment selon qu’il vient : du fonds de l’exploitation agricole elle-même (on peut penser qu’il est exact puisqu’il s’agit des archives de gestion de l’exploitation), d’un fonds d’administration fiscale (il y a de fortes possibilités qu’il ait été sous-estimé pour payer moins d’impôts ou même obtenir un dégrèvement), d’un dossier judiciaire issu d’un contentieux (par exemple entre propriétaire et métayer : il pourra avoir été surestimé ou sous-estimé selon la partie concernée).
Les archives sont la documentation pour la recherche historique. Sans documents d’archives fiables, l’histoire reposerait sur des affabulations. L’archiviste doit donc préserver les éléments qui permettront au chercheur d’analyser un document sans faire de conjectures.
Alors, lorsque vous viendrez aux archives et que vous demanderez à consulter des documents sur les pistes cyclables à Toulouse entre 1976 et 1981, l’archiviste qui vous accueillera ne saisira pas l’occurrence « pistes cyclables » dans la base de données. Il cherchera à savoir quel service de la Ville avait la responsabilité des pistes cyclables puis consultera les fonds de ce service et vous proposera ensuite des archives à dépouiller.
Le « respect des fonds » en archivistique : principes théoriques et problèmes pratiques, La Gazette des archives, n°97, 1977. - Persée (persee.fr)
Sa disparition est arrivée en début d’année, mais le thème de ce mois-ci fait remonter des souvenirs d’un témoin du passé : notre micro de salle de lecture !
Probablement installé en 1996 lorsque les Archives municipales ont investi le réservoir de Périole, il a accompagné les présidents de salle pendant 26 ans. Il permettait à celui qui restait en salle de transmettre des informations à celui qui était descendu chercher les documents, ou faire appeler un collègue, grâce aux haut-parleurs installés dans les couloirs des magasins et des bureaux. Et puis nous nous sommes modernisés, et le téléphone a fait son apparition dans l’ensemble du bâtiment. Le micro a perdu son rôle, mais il est resté spectateur du va-et-vient de la salle de lecture jusqu’en février 2022.
C’est au cours d’une réflexion sur la salle de lecture pour mettre à plat nos procédures et repenser l’aménagement que la décision a été prise à l’unanimité : le micro et son équipement volumineux devaient laisser leur place.
Et c’est aussi à cette date que certains d’entre nous ont découvert que, même s’il n’était jamais utilisé, il fonctionnait encore, et que certains collègues s’étaient bien gardés de le dire aux petits nouveaux ! Vous vous en doutez, un certain nombre d’entre nous ont rêvé de passer une annonce avec lui pour tester l’acoustique, et ont très vite été déçus quand ils n’ont pas entendu le son de leur voix raisonner en salle. Car, en voyant ce micro posé là, on se dit forcément que c’est pour se faire entendre des lecteurs, alors qu’en réalité on vous entend dans tous le bâtiment SAUF de là ou vous vous exprimez (mais ça, vous l’apprenez bien plus tard).
Combien de « 1, 2, 1, 2… » ou de « la salle de lecture va fermer ses portes dans 5 min » ont été prononcés ? Mystère ! Ce qui est sûr, c’est que certains ont été plus créatifs en poussant la chansonnette un midi où les lecteurs étaient déjà partis. Et si vous leur demandez, je suis certaine que chaque agent des Archives municipales aurait une anecdote à raconter grâce à ce micro ;-)