Chaque mois, petit billet d'humeur et d'humour à partir d'images conservées aux Archives. Forcément décalé !
Image du moi(s) - année 2025
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Photographie d’une sculpture représentant la mort de Jean-Etienne Duranti par Dominique Fourcade dédicacée à Charles Lécrivain, photographie N&B, 11 x 13,4 cm, 1910. (détail)
février 2025
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Sang Valentin
Je me souviens d’un groupe de rock
shoegaze de la fin des années 1980 qui tenait son nom,
My Bloody Valentine, d’un film connu en France sous le titre
Meurtres à la Saint-Valentin. Il y était question d’assassinats en série dans un village minier de la Nouvelle-Ecosse à l’occasion de la fête des amoureux. Car, étonnamment, le 14 février n’est pas uniquement la date où se célèbre la passion la plus douce, mais aussi celle où se déchaîne, parfois, la plus noire violence.
Ainsi, en 1929, la prohibition ayant dopé le crime organisé à Chicago, le célèbre Al Capone fait sauvagement éliminer une partie de ses rivaux dans un garage du quartier de Lincoln Park. « Le Massacre de la Saint-Valentin » fait la une de la presse le lendemain. Vingt-trois ans plus tard, un évènement éponyme se produit en Guadeloupe lorsque la grève des ouvriers de l’usine Gradel de la commune du Moule est réprimée dans le sang. Mais le pire de ces carnages « valentins » demeure le pogrom de Strasbourg en 1349 où la totalité de la communauté juive de la ville, plus de deux mille âmes, est massacrée par la population.
A Toulouse, le mois de février 1589 est aussi le théâtre d’émeutes sanglantes liées aux guerres de religion. L’une des victimes est Jean-Etienne Duranti, premier président du Parlement de Toulouse, qui est voué aux gémonies par les ligueurs catholiques en raison de sa loyauté au roi Henri III. Chassé du palais parlementaire, il se réfugie dans la maison commune, ancêtre du Capitole, puis au couvent des Jacobins. Le 10 du mois, alors qu’il sort pour parlementer avec ses opposants il est mortellement blessé par un tir d’arquebuse. Son beau-frère Jacques Daffis, avocat général au sein dudit parlement, est quant à lui égorgé devant la porte de la prison de Toulouse. Comme dit la chanson : « On n’a pas que d’l’amour à vendre. Y’a d’la haine ! ».
Autobus de la ligne n° 22 desservant le quartier de la Terrasse, place du Capitole, 7 janvier 1987, négatif N&B, 2,4 x 3,6 cm. Francis Alexandre - 15Fi3433/11
janvier 2025
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Un car de siècles
Alors que s’achève le premier quart de siècle de ce troisième millénaire, nous allons bientôt célébrer les 100 ans de la mise en fonctionnement d’une ligne d’autobus à Toulouse, par la Société de transports en commun de la région toulousaine, ancêtre de la SEMVAT et de Tisséo.
Comme de nombreux Toulousains, j’ai beaucoup fréquenté ces autocars à tel point que leurs numéros et leurs destinations sont encore inscrits dans les replis de mon cerveau et peuvent instantanément refaire surface. Ainsi, le « 64 » évoque immédiatement, pour le banlieusard que j’étais, la ligne desservant Colomiers. Les initiés savent qu’il fallait prendre garde à bien choisir entre la version Sud et Nord sous peine de devoir marcher plusieurs kilomètres pour rentrer chez soi. De même j’associe encore le « 148 » à l’indescriptible promiscuité qui y régnait quand les étudiants se pressaient dans les bus à soufflets bondés se rendant à la fac du Mirail.
La ligne 22 fait, quant à elle, surgir le souvenir cuisant d’une mésaventure adolescente. Accompagné de deux amis nous étions montés place Dupuy en « oubliant » de valider nos tickets. Fatalement au mitan de l’avenue Jean-Rieux deux contrôleurs entrent à leur tour et bloquent les portes de sortie. Alors que nous nous résignons à être verbalisés, l’un de mes comparses, pour une raison obscure, décide de se faire la belle via une fenêtre. Cette dernière étant sécurisée, il y reste bloqué en hurlant des insanités. Le bus s’arrête et nous sommes sortis,
manu militari, par les agents de la SEMVAT, malgré les protestations d’une aimable grand-mère qui se proposait de payer nos titres de transports. Se faire pincer dans le « 22 », ça ne s’invente pas.